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LE TEMPS DES FAUCHEUSES

 

La grande guerre a sonné le glas d'une agriculture grosse consommatrice de travail humain. Le recours au machinisme est d'autant plus nécessaire que les bras quittent la terre. A partir de 1920, la moissonneuse-lieuse se répand dans les campagnes. En une journée, elle fait le travail d'une douzaine d'ouvriers ; une batteuse peut battre 120 hectolitres de blé en un jour en ne mobilisant que douze personnes. Devenant conducteur de machines, travail qui relève de son intelligence, le travailleur de la terre s'élève socialement.

Les moissonneuses mécaniques ne sont entrées dans la pratique courante en France qu'en 1852. Elles se composent d'une faucheuse mécanique pourvue d'un système de râteaux se déplaçant sur un tablier et destinés à faire des javelles. La progression est rapide : on compte en France 8900 moissonneuses mécaniques en 1862 et plus de 20000 en 1895. On n'utilise la moissonneuse-lieuse que depuis 1873. Son poids varie de 600 à 750 kg. Il convient d'y atteler trois chevaux de front. Elle peut couper et lier de 4 à 5 hectares par jour.

Après la coupe, on procède au javelage puis à la mise en moyettes circulaires. On termine par un râtelage effectué au râteau à main ou au râteau à cheval, qui a pour objet de ramasser les tiges restées çà et là sur le sol après la mise en gerbes. Il faut enfin rentrer la récolte pour l'engranger. Un homme charge sur les voitures de 600 à 800 gerbes et en décharge en grange de 400 à 500 dans sa journée. Aussitôt qu'un chariot plein est arrivé dans la cour de ferme, on dételle le cheval et on l'attelle à un chariot vide pour retourner au champ.

Pour battre le blé, on a longtemps utilisé le procédé du foulage qui consiste à le faire piétiner par des bœufs ou des chevaux. Ce mode d'égrenage a été employé très longtemps ; le travail est non seulement pénible mais très imparfait car le grain, détaché de l'épi, est enveloppé et traîné avec les pailles ce qui le rend très difficile à vanner.

Le battage au fléau, que l'on manie en cadence, se pratique en plein air, aussitôt après la moisson ou en grange, au cours de l'hiver. C'est aux femmes que revient la tâche de retourner avec des fourches de bois la paille égrenée et de râteler le grain qui sera mis en sacs, après quoi, elles recommencent à balayer l'aire pour une nouvelle couchée.

Une fois le blé battu, il fallait le vanner à la main dans un grand panier plat (le van) en se faisant aider par le vent. Le van fut remplacé ensuite par le tarare. Enfin arrive la machine à battre, la fameuse batteuse à vapeur. Si l'on en dénombre un peu moins de 60000 en 1850, leur nombre quintuple en 30 ans et l'on en compte plus de 300000 vers 1880. "Pour nourrir le monstre, les hommes tendent à bout de fourche les lourdes gerbes. Les femmes recueillent la paille et les enfants la balle. Les jeunes filles font circuler des bouteilles de piquette pour rafraîchir les gosiers altérés. La poussière et la sueur empâtent les visages, la balle s'insinue partout. Au soir, on est fourbu mais content et puis demain la fête continue : c'est jour de batteuse chez les voisins." (Jean-Paul Chavent)

La paille, utilisée en agriculture pour l'alimentation du bétail et la confection des litières, sert également de matière première pour l'établissement des toitures, pour la fabrication des paillis, des paillassons et des chapeaux ainsi que pour les emballages. Elle est mise en granges ou en meules dès sa sortie de la batteuse et entassée avec le plus grand soin afin de prévenir tout échauffement.

Les pailles de blé et d'avoine sont les plus recherchées pour le bétail. Celles d'orge et de seigle, qui renferment une forte proportion de barbes, sont destinées à la préparation des liens et des tresses pour chapeaux, et se paient à un prix élevé.

 

Sources : LES CHAMPS DES MILLENAIRES - agriculture horizon
PAYSANS D'AUTREFOIS et de TOUJOURS - Claude Bailhé
(ISBN 2-86726-2038)