En 1790, la municipalité de Pont d'Estaires disait de la commune "qu'elle
est peuplée de forçats qui y font le travail que des chevaux exécutent
ailleurs".
Outre l'agriculture, une des principales occupations des habitants était
le tissage à domicile, surtout l'hiver. Presque chaque habitation possédait
un métier à tisser. On y fabriquait surtout de la "sèche
draperie" faite avec des laines d'agneaux qui tombaient naturellement de
la peau des bêtes. On ne tondait pas les moutons. En 1469, on interdit
absolument l'emploi de ces laines, qui donnaient un drap de qualité très
inférieure.
Ces draps étaient conduit et vendu au halles d'Ypres. Le pays entretenait
alors un commerce important avec l'Angleterre et l'Ecosse pour l'importance
des laines.
Le tissage des draps périclita ensuite pour faire place au tissage du
lin récolté dans le pays. Cette industrie familiale ne disparut
que devant le tissage mécanique qui s'installa à Armentières
à une époque assez récente. Un métier fonctionnait
encore avant la guerre 1914-1918.
Les journaliers gagnent :
Sur les 789 maisons de la commune, 150 sont en briques et couvertes en pannes,
toutes les autres sont construites en bois et en terre et couverte de chaume.
Les terres ne produisent pas tous les ans : elles restent en jachère.
On y cultive alors 25 hectares de colza.
1280 fileuses de lin et 320 tisserands fabriquent annuellement pour 200 000
F de toile de lin.
Ce village qui fait partie du canton Nord-Est de Bailleul compte une superficie de 2700 hectares dont voici la répartition :
On y trouve également des pépinières d'ormes de bonne
essence, un peu de bois blanc et d'arbres fruitiers.
Il y a, au pied de la tour de l'église, une pièce nommée
"Baimmiu Xamer" servant de prison en cas de besoin.
D'après le recensement fait en 1822 dans cette commune, il y a 873 maisons
; 1020 ménages et 4667 habitants (dont 887 personnes vivant en agglomération
et 3680 personnes vivant éparse sur le territoire de la commune).
Il y a dans la dite commune et paroisse :
Il s'y tient chaque samedi, un petit marché au beurre, ufs et
légumes.
La religion catholique, apostolique et romaine, est observée par tous
les habitants.
Les contributions directes de la commune se répartissent ainsi :
(Beaucoup de ces activités sont secondaires)
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Tout autour de la place se trouvaient de nombreux
magasins. De gauche à droite : l'épicerie de Joseph Walle,
le magasin des trois soeurs Dethoor, la boutique Flament-Capelle (modiste),
la droguerie Raphaël Vandenbeulck, le café du damier tenu
par un dénommé Thomas (aussi marchand de levure). De l'autre
côté, au coin, un marchand de grains et d'engrais, le café
de l'Harmonie puis la pharmacie Vanhoff.
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En 1811, on trouvait aussi 9 moulins (un pour l'huile et les autres pour la farine). Les derniers ont disparu pendant la grande guerre :
Voici la liste des 41 estaminets qu'a compté le village :
Excepté les plages verdoyantes des pâtures-manoirs, deux couleurs
ressortaient particulièrement dans la mosaïque des cultures : le
jaune du colza et le bleu du lin. Le colza, outre son utilisation pour l'alimentation
des bêtes, servait aussi à fournir l'huile obtenue dans les tordoirs
à grains. Quant à l'industrie du fil de lin, c'était une
activité annexe très importante qui permettait à toute
une population rurale de trouver une subsistance au-delà des recettes
aléatoires de l'agriculture. En 1811, il y avait dans la commune 1220
fileurs et 345 tisseurs travaillant à domicile.
On récoltait aussi un peu de houblon. Il y eut plusieurs brasseries à
Steenwerck, dont une fondée en 1652. Toutefois la bière restait
chère et bue seulement aux grandes occasions.
Pour ce qui est du tabac, la Flandre et l'Artois disposèrent de statuts
uniques en France ; leur permettant de le cultiver en toute franchise.
Les autres cultures sont : le blé, le froment, les fèves, les
haricots, les pommes de terre, le trèfle, le tabac, le seigle, le lin,
l'escourgeon, quelques fruits et légumes, de la camomille, des illettes,
etc
Le déclin de la population rurale de Steenwerck s'amorce dès
le 19éme siècle. A cette époque l'agriculture emploie encore
beaucoup de main d'uvre et comprend maints métiers annexes : cordonniers,
ferronniers et, surtout, les métiers du textile. Le lent déclin
de la population rurale coïncide avec le début de l'industrie textile
concentrationnaire : les gros bourgs, Lille et Armentières, se peuplent
d'ouvriers ; la main-d'uvre agricole diminue. A partir de 1872, la condamnation
du métier à tisser à bras met un terme à "l'industrie
rurale" des filandières. La dérive des petits métiers
agricoles vers l'activité industrielle est accentuée par les progrès
des transports et par le formidable appétit de main-d'uvre du bassin
minier.
La grande guerre, si dévastatrice dans le département, provoque
la baisse démographique entre 1911 et 1921. L'accroissement des centres
urbains, qui caractérise cette fin de millénaire, continue de
vider les campagnes. La mécanisation de l'agriculture depuis les années
60 accélère le processus. La reprise démographique entre
1975 et 1999 peut résulter de la création de nombreux lotissements
pendant cette période.