LES MOULINS A VENT

 

On ne sait pas très bien d'où ils viennent. Ils seraient nés en Chine et auraient été introduits au Moyen et au Proche-Orient, où l'on en trouve des traces au VIIème siècle de notre ère.

Les premiers moulins à vent auraient été du type horizontal, comme la roue du moulin à eau élémentaire. Certains de ceux-ci sont encore en activité en Afghanistan. Ce type de moulin a été également transmis à l'Occident ; on le signale en Russie vers 1750, mais il n'a pas eu une diffusion notable sous cet aspect de tour à demi achevée.

L'hypothèse de l'introduction en Europe par les croisés est aujourd'hui abandonnée, car aucun des chroniqueurs des croisades n'a parlé de ces machines. Deux régions se disputent les premiers moulins à vent : la Normandie et la Provence.

D'autres prétendent que les moulins à vent sont nés en Flandre : Dans la revue "De Dietsche Gedachte" d'Utrecht, A. Loosjes fait ressortir l'origine flamande des carillons et des moulins à vent. En ce qui concerne ces derniers, il en énumère les principaux types : le standermolen (moulin sur pivot) qu'il suppose né en Flandre française ; le spinbol (tête d'araignée) et le wipmolen (moulin à bascule), dérivés hollandais du précédent pour l'asséchement des marais ; le paltrokmolen (moulin sur rouleaux), le moulin à chapeau mobile, réputé le plus spécifiquement hollandais de tous, et qui fut en fait inventé par un Oost-Flamand : Lief Jansz Andries de Morbeke. Il avait dû fuir de Flandre à l'arrivée du Duc d'Albe et il réalisa à Alkmaar, en 1573, le premier exemplaire de ce genre de moulin. - Le Lion de Flandre (3 avril 1933).

Dans la région Nord-Pas de Calais on trouve deux types de moulin : les moulins à pivot en bois et les moulins-tours en brique ou en pierre. Les moulins en bois qui relèvent plutôt de la culture matériel du nord prédominent.

Moulin à calotte pivotanteQuelles sont les différences essentielles entre le type du moulin-pivot et le type du moulin-tour ? Dans ce dernier, dit aussi à "calotte tournante", seul le toit tourne. La charpente du toit, qui porte l'arbre, est constituée à sa base par un cercle de bois, le chemin courant, qui peut glisser sur un autre fixé au sommet de la tour, le chemin dormant. A l'opposé de l'arbre, une grande poutre de bois, ou queue, qui va jusqu'à terre, sert de contrepoids aux ailes et permet de faire pivoter la calotte. Mais la plus grande partie des moulins à vent, dont les silhouettes sont indissociables des grandes plaines du nord de la France, sont ceux à charpente de bois du type moulin à pivot.

L'utilisation privilégiée du bois dans la construction des moulins à vent, s'explique peut-être par la pauvreté en matériaux minéraux. Il faut toutefois préciser que grâce à une structure en charpente, le moulin à vent garde la possibilité d'être déplacé.

Si le chêne est traditionnellement utilisé pour ses intéressantes propriétés mécaniques, l'orme, très représentatif du peuplement végétal du Nord-Pas-de-Calais, occupe néanmoins une place importante en charpente mécanicienne. Contrairement au chêne, l'orme présente en effet une imbrication de son fil qui offre une excellente résistance à la fente.

Utilisant le plus souvent la structure à pivot, les moulins flamands se distinguent très nettement de leurs homologues beaucerons, ou même picards. Le moulin caractéristique de la Flandre est, en effet, toujours haut perché et, sauf exception, donne avec ses grandes ailes une remarquable impression de légèreté.

Moulin sur pivotComme son nom l'indique, le moulin sur pivot comprend une importante partie mobile, c'est-à-dire tout le corps du moulin proprement dit, contenu dans un bâti parallélépipédique revêtu de bardage. Cette cage est donc manœuvrée à la main par le meunier à l'aide d'une queue pour la mise au vent. L'une des particularités du moulin de bois sur pivot réside dans son très particulier système de piétement en charpente. Une analogie de fonctionnement mécanique apparente le pivot central du moulin au poinçon d'une ferme de charpente simple. Dans celle-ci, le poinçon n'est pas sollicité à la compression entre le faîtage et l'entrait ; de la même façon, le pivot repose sur les abouts des huit liens obliques et non, comme le ferait croire une observation superficielle, sur les deux poutres horizontales formant la croisée.

Le mécanisme ne diffère pas fondamentalement entre les deux types de moulin : dans celui à vent comme dans celui à eau, la partie essentielle est le renvoi d'angle qui permet de rendre verticale la rotation, légèrement oblique par rapport à l'horizontale de l'arbre. On retrouve, comme dans le moulin à eau, le rouet constitué par une roue dentée de grande dimension fixée sur l'arbre et une ou deux lanternes (ou pelottes) plus petites pour accélérer la rotation de l'axe et de la meule (ou des meules tournantes). Comme dans les moulins à eau, la trémie reçoit le grain et le distribue dans le trou (œil-lard) de la meule courante, d'où il passe entre celle-ci et la meule gisante. La farine ressort autour du "tournant".

Considéré comme un bien meuble, le moulin sur pivot possède une structure démontable, ce qui explique les déplacements dus aux changements de propriétaire.

 

Source : L'architecture rurale française (ISBN 2-7377-0111.2)